Est-ce parce que notre société est davantage sensibilisée à l’écologie, au bio et aux problèmes climatiques? Quoi qu’il en soit, en Nouvelle-Calédonie, les initiatives pour réaliser des potagers pédagogiques se multiplient. Avec un succès grandissant.
Quoi de mieux pour éveiller la curiosité des enfants par rapport à l’alimentation durable et locale que de les inviter à planter des fruits et légumes, à les voir grandir au jour le jour pour ensuite les cuisiner et les goûter ? Quoi de mieux que de leur faire mettre les mains dans la terre pour les initier à la nature ? L’introduction au jardin potager dès le plus jeune âge apparaît comme une réponse évidente aux préoccupations environnementales et alimentaires du XIXe siècle. Ainsi, chaque année en Métropole et en Nouvelle-Calédonie, de nouveaux enseignants se lancent dans des projets de jardinage avec leur classe. Et de la simple observation de la germination d’une graine jusqu’à la réalisation d’un potager en permaculture, les activités sont plutôt variées. « Nous intervenons dans plus de trente écoles en province Sud cette année, dévoile Christine Pöllabauer, présidente de l’association environnementale Mocamana. De plus en plus d’enseignants, via la DENC, choisissent des animations autour du potager et de la permaculture. Il en va d’une volonté certaine de sensibiliser leurs élèves à la fragilité de la biodiversité, aux problématiques liées à l’eau, à l’importance de consommer des produits frais et locaux, etc. Mais les travaux de jardinage servent aussi de point de départ à de nombreuses activités pédagogiques, dans une logique d’éducation au développement durable. »
Depuis la rentrée 2017, les parents, éducateurs et élèves de l’Ecole Filante ont mis en place un espace potager composé de quatre bacs en bois hors sol, dans lesquels aubergines, tomates, radis ou encore plantes aromatiques s’épanouissent. « Nous voulions miser sur la culture durable, mais j’avoue que je n’y connaissais pas grand chose, raconte Cécile, parent d’élève très investie dans le projet. C’est pourquoi nous avons appelé Ludo à la rescousse ! » A la tête d’un programme de micro-fermes en permaculture (Perma.NC), Ludovic Saunal est également formateur et intervenant dans ce domaine. Sa passion, il adore la transmettre aux petits (et grands) jardiniers en herbe : « La permaculture est un tout. L’apprentissage se fait de la terre à l’assiette. Il ne suffit pas de jeter des graines et d’attendre que ça pousse ! Les enfants doivent d’abord s’interroger sur les besoins de la terre. Comment la nourrir ? Pourquoi l’aérer, la pailler ? » L’étape « plantation » n’intervient qu’une fois la réalisation des « lasagnes1 » dans les bacs effectuée. Tous les vendredis après-midis, armés de leurs binettes et transplantoirs, les seize élèves de l’école associative Montessori s’occupent avec bonheur de leur petit coin de nature. Et pour rien au monde ils ne manqueraient une session!
« Travailler au jardin est la plus formidable école de la vie,
assure Bertille Quintard, une des fondatrices de la Petite école qui regarde la montagne, école privée et démocratique. Nous avons aménagé notre grand espace extérieur selon les principes de la permaculture afin de favoriser l’émergence d’une conscience écologique chez nos petits. »
Un véritable jardin d’Eden en effet, composé d’arbres fruitiers, de plusieurs coins potager, d’espaces dédiés aux plantes aromatiques et médicinales, d’une petite serre... Le tout offrant un joyeux patchwork végétal invitant les enfants à sortir des murs de l’école. « Grâce au travail de Matthieu (intervenant en permaculture à la Ferme des Petites Fougères, NDLR), nos élèves apprennent à travailler la terre de façon authentique. Ils réalisent toutes les étapes, de la graine à la dégustation et s’émerveille ainsi de la magie de la nature. »
A l’heure du tout numérique, le jardinage reste une bonne façon de reconnecter les plus jeunes à une nature dont ils sont de plus en plus éloignés. Par la pratique, l’observation ou encore la réutilisation de déchets organique sous forme de compost, les enfants apprennent à respecter l’environnement, qu’ils découvrent fragile. « Grâce à la technique du paillage, nous abordons la gestion de l’eau et les économies à réaliser à travers son utilisation dans le jardin », explique Christine Pöllabauer. Les enfants deviennent alors acteurs et guides dans un lieu de vie harmonieux, autonome et respectueux de la nature.
D’où viennent les aliments que nous mangeons ? Comment et par qui ont-ils été produits ? Quels impacts sur notre santé et celle de la Terre ? Des éléments de réflexion à aborder avec les enfants, qui, pour beaucoup, n’ont aucune idée de l’origine des produits qu’ils consomment.
« Sur une petite île comme la nôtre, où l’on importe plus qu’on ne produit, il est essentiel d’apprendre à consommer localement et sainement dès le plus jeune âge »,
précise Ludovic Saunal. C’est aussi une manière plus concrète pour les enseignants d’expliquer aux enfants qu’en mangeant plus de légumes et de fruits qu’ils ont cultivé eux-mêmes, ils contribuent non seulement à la sauvegarde de la planète, mais aussi au fait d’avoir une bonne santé. Un point crucial sachant que 20,5 % des enfants de 12 ans sont obèses en Nouvelle-Calédonie (rapport de 2012 de l’Agence Sanitaire et Sociale). « Le fait de déguster leur récolte permet à certains élèves de découvrir des légumes qu’ils leur étaient jusque-là inconnus et d’en apprécier les saveurs, souligne Jean-Pierre Delrieu, 1er adjoint chargé de l’action éducative pour la Ville de Nouméa. Lancée à la rentrée 2015, l’opération « jardins potagers » dans les écoles de la capitale connaît un succès grandissant.
► REPORTAGE | Immersion dans la "classe verte" de Boulari
Jeudi 24 août, c’était classe verte à Boulari ! Dès huit heures du matin, les élèves de CM2 étaient sur le pied de guerre. Leurs armes ? Des pelles, des râteaux, des binettes et des seaux. Leurs munitions ? Du compost, du crottin et du paillis. Leur mission ? Garnir la butte auto fertile fraîchement réalisée par l’association Mocamana de jeunes plants de légumes et fruitiers. Une matinée tonifiante et enrichissante en compagnie d’une vingtaine de jardiniers en herbe ! Et à savoir si les enfants aiment avoir les mains dans la terre, la réponse a été unanime : « Oh oui ! C’est trop cool ! »
(Textes et photos : Sophie Berger)
Tandis que certains élèves commencent à planter patates douces, tomates, aubergines ou encore courgettes, d’autres se chargent d’amener de la terre et du compost au pied du cocotier de l’école. Celui-ci va servir de tuteur naturel au plant de haricot qui attend sa mise en terre. « A quoi sert le crottin, les enfants ? », demande Christine Pöllabauer, présidente de l’association Mocamana, qui anime aujourd’hui cet atelier. « A nourrir la terre, madame ! », répondent en chœur la vingtaine d’élèves. Les filles s’exécutent avec soin avant de planter les haricots.
« N’hésitez pas à casser les mottes des plantes avant de les mettre en terre, explique Josselin, bénévole de l’association et expert en permaculture. Les racines iront plus en profondeur. Vous pouvez même planter en diagonale sur la butte. Ce système permet de gagner 20 % de superficie supplémentaire par rapport à un potager traditionnel. »
Les garçons achèvent de préparer le trou qui accueillera un petit bananier.
Avant-dernière étape : le paillage. « Il faut éviter de laisser la terre à nue, conseille Christine. Pailler permet de conserver l’humidité plus longtemps et donc d’arroser moins souvent. Et puis ça va nourrir la terre en même temps. Mais attention à ne pas enterrer les plantes avec !»
Y’a plus qu’à arroser ! D’ici quelques semaines, les enfants de l’école auront la chance de cuisiner et de goûter leurs premiers légumes. Et nul doute qu’ils seront les plus délicieux jamais mangés !
« Après avoir observer leurs légumes pousser, les enfants sont heureux d’apprendre à les cuisiner et ont beaucoup de plaisir à les déguster, raconte Christine Pöllabauer. Même les radis qui piquent un peu ! »
Les élèves de la Petite école qui regarde la montagne ont, quant à eux, de si belles récoltes qu’ils en vendent une partie chaque premier mercredi du mois. Une excellente façon de valoriser leurs efforts et de les responsabiliser.
© Bertille Quintard - Moment de détente avant de semer à la Petite école qui regarde la montagne
La réalisation d’un potager pédagogique représente un moyen d’éduquer en douceur les enfants à la citoyenneté en les sollicitant à devenir responsables de cet espace qui leur est alloué. Par la répartition équilibrée des tâches et par l’entraide, les petits apprennent la notion de responsabilité collective. « Il s’agit de leur espace, poursuit Jean-Pierre Delrieu. C’est à eux de s’en occuper et de s’organiser en fonction, encadrés par l’enseignant, bien sûr. Si personne n’arrose, eh bien les plantes meurent ! » Mais la perspective d’une belle récolte motivent les enfants. « Les enfants se sont totalement appropriés l’espace potager, explique Cécile, parent d’élèves à l’Ecole filante. A tel point que lors de la journée portes-ouvertes, ils ont tenu à assurer eux-mêmes la visite du potager. Ils étaient vraiment très fiers ! »
Patience, attention, soins, coopération... Le jardin pédagogique est un projet collectif qui permet aux enfants de développer des savoirs-être concourant à leur épanouissement ainsi qu’à l’apprentissage de la vie en société. « Les enfants de l’école sont heureux et fiers de cueillir les fruits et légumes qu’ils ont plantés tous ensemble, relate Bertille Quintard. Et ce qui est merveilleux, c’est qu’ils partagent tout, aucun n’est jamais lésé. Ils ont vraiment bien intégré le ‘’vivre ensemble’’. »
Les enseignants et éducateurs sont unanimes : le jardinage est une source de multiples activités d’éveil et d’apprentissage dans de très nombreuses disciplines. « En travaillant à la réalisation d’une spirale d’aromatiques par exemple, les enfants développent différentes habilités cognitives, affirme Bertille Quintard. Ils doivent utiliser la géométrie, faire des calculs de surface, dessiner le plan du potager... » De même, le potager pédagogique permet de développer, en plus d’un certain savoir-faire, des savoirs ‘’ancestraux’’, tels que la connaissance des plantes médicinales traditionnelles kanak. A la Petite école qui regarde la montagne, c’est Ruphine qui est en charge de l’atelier hebdomadaire « Une plante et moi ». Elle fait toutes les semaines découvrir aux enfants une plante spécifique du jardin aux travers de ses propriétés nutritionnelles ou médicinales. Formidable outil de pédagogie active, les prolongements pédagogiques du potager scolaire sont considérables. On pense à l’éveil scientifique, évidemment - cycle de vie, condition de germination, insectes amis... - pourtant le jardin peut aussi servir de point de départ à des exercices d’écriture ou encore d’expression orale (exposés, travail sur un ouvrage, etc.).
Mais il reste surtout le support idéal à l’éducation à l’environnement et au développement durable, sans doute un des plus gros challenges de notre siècle balbutiant. Ce n’est pas pour rien que l’agriculteur et philosophe japonais Masanobu Fukuoka donnait à l’agriculture un rôle absolument essentiel dans une perspective de changement de l’organisation sociale, puisque c’est ce qui a permis de poser les bases de nos civilisations lors de la révolution néolithique :
«Quand nous changeons la manière de faire pousser notre nourriture, nous changeons notre nourriture, nous changeons la société, nous changeons nos valeurs. »
La permaculture à La Petite école qui regarde la montagne en photos :
En vidéo :
Quoi de mieux pour éveiller la curiosité des enfants par rapport à l’alimentation durable et locale que de les inviter à planter des fruits et légumes, à les voir grandir au jour le jour pour ensuite les cuisiner et les goûter ? Quoi de mieux que de leur faire mettre les mains dans la terre pour les initier à la nature ? L’introduction au jardin potager dès le plus jeune âge apparaît comme une réponse évidente aux préoccupations environnementales et alimentaires du XIXe siècle. Ainsi, chaque année en Métropole et en Nouvelle-Calédonie, de nouveaux enseignants se lancent dans des projets de jardinage avec leur classe. Et de la simple observation de la germination d’une graine jusqu’à la réalisation d’un potager en permaculture, les activités sont plutôt variées. « Nous intervenons dans plus de trente écoles en province Sud cette année, dévoile Christine Pöllabauer, présidente de l’association environnementale Mocamana. De plus en plus d’enseignants, via la DENC, choisissent des animations autour du potager et de la permaculture. Il en va d’une volonté certaine de sensibiliser leurs élèves à la fragilité de la biodiversité, aux problématiques liées à l’eau, à l’importance de consommer des produits frais et locaux, etc. Mais les travaux de jardinage servent aussi de point de départ à de nombreuses activités pédagogiques, dans une logique d’éducation au développement durable. »
Depuis la rentrée 2017, les parents, éducateurs et élèves de l’Ecole Filante ont mis en place un espace potager composé de quatre bacs en bois hors sol, dans lesquels aubergines, tomates, radis ou encore plantes aromatiques s’épanouissent. « Nous voulions miser sur la culture durable, mais j’avoue que je n’y connaissais pas grand chose, raconte Cécile, parent d’élève très investie dans le projet. C’est pourquoi nous avons appelé Ludo à la rescousse ! » A la tête d’un programme de micro-fermes en permaculture (Perma.NC), Ludovic Saunal est également formateur et intervenant dans ce domaine. Sa passion, il adore la transmettre aux petits (et grands) jardiniers en herbe : « La permaculture est un tout. L’apprentissage se fait de la terre à l’assiette. Il ne suffit pas de jeter des graines et d’attendre que ça pousse ! Les enfants doivent d’abord s’interroger sur les besoins de la terre. Comment la nourrir ? Pourquoi l’aérer, la pailler ? » L’étape « plantation » n’intervient qu’une fois la réalisation des « lasagnes1 » dans les bacs effectuée. Tous les vendredis après-midis, armés de leurs binettes et transplantoirs, les seize élèves de l’école associative Montessori s’occupent avec bonheur de leur petit coin de nature. Et pour rien au monde ils ne manqueraient une session!
« Travailler au jardin est la plus formidable école de la vie,
assure Bertille Quintard, une des fondatrices de la Petite école qui regarde la montagne, école privée et démocratique. Nous avons aménagé notre grand espace extérieur selon les principes de la permaculture afin de favoriser l’émergence d’une conscience écologique chez nos petits. »
Un véritable jardin d’Eden en effet, composé d’arbres fruitiers, de plusieurs coins potager, d’espaces dédiés aux plantes aromatiques et médicinales, d’une petite serre... Le tout offrant un joyeux patchwork végétal invitant les enfants à sortir des murs de l’école. « Grâce au travail de Matthieu (intervenant en permaculture à la Ferme des Petites Fougères, NDLR), nos élèves apprennent à travailler la terre de façon authentique. Ils réalisent toutes les étapes, de la graine à la dégustation et s’émerveille ainsi de la magie de la nature. »
A l’heure du tout numérique, le jardinage reste une bonne façon de reconnecter les plus jeunes à une nature dont ils sont de plus en plus éloignés. Par la pratique, l’observation ou encore la réutilisation de déchets organique sous forme de compost, les enfants apprennent à respecter l’environnement, qu’ils découvrent fragile. « Grâce à la technique du paillage, nous abordons la gestion de l’eau et les économies à réaliser à travers son utilisation dans le jardin », explique Christine Pöllabauer. Les enfants deviennent alors acteurs et guides dans un lieu de vie harmonieux, autonome et respectueux de la nature.
D’où viennent les aliments que nous mangeons ? Comment et par qui ont-ils été produits ? Quels impacts sur notre santé et celle de la Terre ? Des éléments de réflexion à aborder avec les enfants, qui, pour beaucoup, n’ont aucune idée de l’origine des produits qu’ils consomment.
« Sur une petite île comme la nôtre, où l’on importe plus qu’on ne produit, il est essentiel d’apprendre à consommer localement et sainement dès le plus jeune âge »,
précise Ludovic Saunal. C’est aussi une manière plus concrète pour les enseignants d’expliquer aux enfants qu’en mangeant plus de légumes et de fruits qu’ils ont cultivé eux-mêmes, ils contribuent non seulement à la sauvegarde de la planète, mais aussi au fait d’avoir une bonne santé. Un point crucial sachant que 20,5 % des enfants de 12 ans sont obèses en Nouvelle-Calédonie (rapport de 2012 de l’Agence Sanitaire et Sociale). « Le fait de déguster leur récolte permet à certains élèves de découvrir des légumes qu’ils leur étaient jusque-là inconnus et d’en apprécier les saveurs, souligne Jean-Pierre Delrieu, 1er adjoint chargé de l’action éducative pour la Ville de Nouméa. Lancée à la rentrée 2015, l’opération « jardins potagers » dans les écoles de la capitale connaît un succès grandissant.
► REPORTAGE | Immersion dans la "classe verte" de Boulari
Jeudi 24 août, c’était classe verte à Boulari ! Dès huit heures du matin, les élèves de CM2 étaient sur le pied de guerre. Leurs armes ? Des pelles, des râteaux, des binettes et des seaux. Leurs munitions ? Du compost, du crottin et du paillis. Leur mission ? Garnir la butte auto fertile fraîchement réalisée par l’association Mocamana de jeunes plants de légumes et fruitiers. Une matinée tonifiante et enrichissante en compagnie d’une vingtaine de jardiniers en herbe ! Et à savoir si les enfants aiment avoir les mains dans la terre, la réponse a été unanime : « Oh oui ! C’est trop cool ! »
(Textes et photos : Sophie Berger)
Tandis que certains élèves commencent à planter patates douces, tomates, aubergines ou encore courgettes, d’autres se chargent d’amener de la terre et du compost au pied du cocotier de l’école. Celui-ci va servir de tuteur naturel au plant de haricot qui attend sa mise en terre. « A quoi sert le crottin, les enfants ? », demande Christine Pöllabauer, présidente de l’association Mocamana, qui anime aujourd’hui cet atelier. « A nourrir la terre, madame ! », répondent en chœur la vingtaine d’élèves. Les filles s’exécutent avec soin avant de planter les haricots.
« N’hésitez pas à casser les mottes des plantes avant de les mettre en terre, explique Josselin, bénévole de l’association et expert en permaculture. Les racines iront plus en profondeur. Vous pouvez même planter en diagonale sur la butte. Ce système permet de gagner 20 % de superficie supplémentaire par rapport à un potager traditionnel. »
Les garçons achèvent de préparer le trou qui accueillera un petit bananier.
Avant-dernière étape : le paillage. « Il faut éviter de laisser la terre à nue, conseille Christine. Pailler permet de conserver l’humidité plus longtemps et donc d’arroser moins souvent. Et puis ça va nourrir la terre en même temps. Mais attention à ne pas enterrer les plantes avec !»
Y’a plus qu’à arroser ! D’ici quelques semaines, les enfants de l’école auront la chance de cuisiner et de goûter leurs premiers légumes. Et nul doute qu’ils seront les plus délicieux jamais mangés !
« Après avoir observer leurs légumes pousser, les enfants sont heureux d’apprendre à les cuisiner et ont beaucoup de plaisir à les déguster, raconte Christine Pöllabauer. Même les radis qui piquent un peu ! »
Les élèves de la Petite école qui regarde la montagne ont, quant à eux, de si belles récoltes qu’ils en vendent une partie chaque premier mercredi du mois. Une excellente façon de valoriser leurs efforts et de les responsabiliser.
© Bertille Quintard - Moment de détente avant de semer à la Petite école qui regarde la montagne
La réalisation d’un potager pédagogique représente un moyen d’éduquer en douceur les enfants à la citoyenneté en les sollicitant à devenir responsables de cet espace qui leur est alloué. Par la répartition équilibrée des tâches et par l’entraide, les petits apprennent la notion de responsabilité collective. « Il s’agit de leur espace, poursuit Jean-Pierre Delrieu. C’est à eux de s’en occuper et de s’organiser en fonction, encadrés par l’enseignant, bien sûr. Si personne n’arrose, eh bien les plantes meurent ! » Mais la perspective d’une belle récolte motivent les enfants. « Les enfants se sont totalement appropriés l’espace potager, explique Cécile, parent d’élèves à l’Ecole filante. A tel point que lors de la journée portes-ouvertes, ils ont tenu à assurer eux-mêmes la visite du potager. Ils étaient vraiment très fiers ! »
Patience, attention, soins, coopération... Le jardin pédagogique est un projet collectif qui permet aux enfants de développer des savoirs-être concourant à leur épanouissement ainsi qu’à l’apprentissage de la vie en société. « Les enfants de l’école sont heureux et fiers de cueillir les fruits et légumes qu’ils ont plantés tous ensemble, relate Bertille Quintard. Et ce qui est merveilleux, c’est qu’ils partagent tout, aucun n’est jamais lésé. Ils ont vraiment bien intégré le ‘’vivre ensemble’’. »
Les enseignants et éducateurs sont unanimes : le jardinage est une source de multiples activités d’éveil et d’apprentissage dans de très nombreuses disciplines. « En travaillant à la réalisation d’une spirale d’aromatiques par exemple, les enfants développent différentes habilités cognitives, affirme Bertille Quintard. Ils doivent utiliser la géométrie, faire des calculs de surface, dessiner le plan du potager... » De même, le potager pédagogique permet de développer, en plus d’un certain savoir-faire, des savoirs ‘’ancestraux’’, tels que la connaissance des plantes médicinales traditionnelles kanak. A la Petite école qui regarde la montagne, c’est Ruphine qui est en charge de l’atelier hebdomadaire « Une plante et moi ». Elle fait toutes les semaines découvrir aux enfants une plante spécifique du jardin aux travers de ses propriétés nutritionnelles ou médicinales. Formidable outil de pédagogie active, les prolongements pédagogiques du potager scolaire sont considérables. On pense à l’éveil scientifique, évidemment - cycle de vie, condition de germination, insectes amis... - pourtant le jardin peut aussi servir de point de départ à des exercices d’écriture ou encore d’expression orale (exposés, travail sur un ouvrage, etc.).
Mais il reste surtout le support idéal à l’éducation à l’environnement et au développement durable, sans doute un des plus gros challenges de notre siècle balbutiant. Ce n’est pas pour rien que l’agriculteur et philosophe japonais Masanobu Fukuoka donnait à l’agriculture un rôle absolument essentiel dans une perspective de changement de l’organisation sociale, puisque c’est ce qui a permis de poser les bases de nos civilisations lors de la révolution néolithique :
«Quand nous changeons la manière de faire pousser notre nourriture, nous changeons notre nourriture, nous changeons la société, nous changeons nos valeurs. »
La permaculture à La Petite école qui regarde la montagne en photos :
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