Avant toute cohabitation d’un chien avec un autre animal, il est absolument essentiel que le chien soit parfaitement contrôlé par son maître. Il faut qu’il connaisse les bases du rappel et que le maître soit apte à le retenir si besoin. La période d’adaptation entre les deux animaux va nécessiter du temps et pour bien faire les choses, il faut apporter, quelques jours avant l’arrivée du petit nouveau, son odeur dans la maison. De même, avant toute cohabitation d’un chien ou d’un chat avec une autre espèce, Aline Curato, comportementaliste et gérante de l’Arche d’Alinoé, rappelle : « Ce sont des prédateurs, n’oubliez jamais la nature de votre animal. L’éducation permet de contrôler l’instinct, mais pas de changer cette nature. Ainsi, il faut se préparer à un potentiel accident fatal. Et être capable de ne pas en vouloir à son animal. » Maintenant que vous êtes prévenu, voici quelques astuces pour tenter, au mieux, de faire cohabiter votre ménagerie.

Chien et chat

C’est la combinaison classique. Mais c’est aussi une combinaison tendue. Le chat est la proie naturelle du chien. Et surtout, canidés et félins ne parlent absolument pas le même langage ! « Quand le chien met les oreilles en arrière : il est à l’écoute, dans l’attente d’un ordre, d’un jeu, d’une mission. Quand le chat met les oreilles en arrière : il va attaquer, commence Aline Curato. Si le chien remue la queue : il est dans la joie, si le chat remue la queue : il va attaquer. Donc, pour un chien, un chat qui remue la queue signifie qu’il veut jouer. » Ainsi, l’essentiel lorsque l’on veut faire cohabiter deux espèces, c’est de prendre conscience que chacune d’elles possède son propre langage, des langages parfois totalement antinomiques. Autre conseil important de la spécialiste : ne pas tenter de présenter les deux animaux. Enfin, elle insiste sur le fait que si les animaux se rencontrent petits, « durant la période de familiarisation ou de socialisation, ils apprendront les codes de chacun. C’est donc la familiarisation précoce de deux espèces qui permettra une cohabitation harmonieuse. » Dans le cas où vous êtes l’heureux propriétaire d’un chien adulte et que vous adoptez un chat adulte, « il faut que l’humain soit le leader, il ne doit pas simplement se livrer à une observation bienveillante ». Ainsi, le maître doit être capable d’arrêter son chien au moment de l’attaque, et au moment de l’attaque seulement, pas juste à la menace. Il est essentiel de capter le bon moment, car cela n’aura pas la même signification pour le chien. Attention aux signaux mal compris. Si votre toutou se met à remuer la queue, peut-être ne dit-il pas : « Super, je vais jouer avec mon nouvel ami le chat », mais plutôt « Super, une nouvelle proie que je vais attaquer ! » Le chien est heureux de partir à l’attaque !

Une règle importante est de donner des privilèges à l’animal le plus fragile, le plus vulnérable, « d’éviter de les mettre sur un pied d’égalité, explique Aline Curato. Par exemple, le chat peut monter sur le canapé, mais pas le chien. Ainsi, pour le chien, dans sa meute, le chat lui est supérieur. Le chat mange en hauteur, et à volonté. Le chien mange au sol, et à heure fixe. Mais attention, tout n’est pas interdit au chien ! »

On peut également essayer de leur donner à manger en même temps : « Pour un chien, manger ensemble signifie que l’on appartient au même groupe. » Là encore, il faut respecter quelques règles pour éviter les accidents : au moment du repas du chien, on propose au chat quelque chose de suffisamment appétent pour qu’il vienne (boîte de thon, sardines, têtes de crevettes…). Au début, les placer à trois ou quatre mètres de distance, puis, au fur et à mesure, les rapprocher l’un de l’autre jusqu’à un mètre environ. « Tout cela doit se faire en une semaine, pas plus. Et le tout, toujours sous haute surveillance. »

Prédateur et proie

Chien ou chat avec oiseau, lapin ou cochon d’Inde, voilà un vrai défi à relever. Pour habituer le chien à un petit animal, on peut, la première semaine, sans avoir présenté le nouvel arrivant, placer le plus souvent possible le nouveau venu sur soi et continuer ses activités comme si de rien n’était. L’oiseau sur l’épaule, le lapin ou le cochon d’Inde dans la poche ou en sac de portage. Le chien associe alors le nouveau colocataire à son maître. Au fur et à mesure, on pose l’animal au sol. Attention, si vous optez pour la solution du portage, votre chien doit être parfaitement dressé, sinon, le risque qu’il vous attaque pour attraper l’animal est réel ! Si le chien est trop nerveux avec le nouvel arrivant, « on l’emmène sur un autre élément de distraction, le jeu. Mais attention à ne pas le distraire avec le jeu au moment de l’attaque, qu’il n’associe pas le jeu à l’attaque ! Il est essentiel de bien choisir le moment », prévient la spécialiste. Pour le chat, vous pouvez essayer la technique de nourrir les deux animaux en même temps, toujours sous haute surveillance. Pour les chats comme pour les chiens, il existe la ruse, l’astuce de la mauvaise blague. Au moment de l’attaque, surprenez votre animal avec, par exemple, le lancement d’une bouteille en plastique remplie au tiers de gravier ou de billes juste à côté de lui. Surpris, il va cesser son attaque. Surtout, qu’il ne vous voie pas faire ! Il doit associer cette mauvaise surprise à l’animal attaqué, et non à son maître, au risque de briser la confiance qu’il a en vous. Il va alors attribuer au lapin, à l’oiseau, au cochon d’Inde un super pouvoir désagréable. Mais ne vous faites pas trop d’illusions, le chat reste un prédateur féroce avec les oiseaux et les petits rongeurs, et malgré tous vos efforts, peut-être est-il plus prudent de ne pas les laisser seuls dans la même pièce…

Chien et cheval

Sortir en promenade avec son cheval et emmener son chien, quel bonheur de voir vos deux plus fidèles compagnons galoper côte à côte ! Dans les faits, cette image d’Epinal n’est pas si simple à obtenir. « D’abord, on emmène le chien lors des soins au cheval, en laisse, ou à l’attache courte, et sans s’occuper de lui, commence la comportementaliste. Attention, encore une fois, il faut que le chien connaisse les ordres de rappel, de contrôle, qu’il y ait une bonne communication entre son maître et lui. » Puis, on emmène le cheval en carrière, soit en bride, soit monté, avec le chien en laisse longue, ou, si on contrôle déjà son chien, sans laisse. « Ensuite, il faut faire confiance au gros animal, il va expliquer au chien qu’il doit rester à distance, à une distance confortable. Le cheval va souffler, remuer la tête, le chien comprendra. » Aline précise que « la cadence du cheval plaît au chien, surtout le trot ». L’association d’un cheval avec une autre espèce est assez simple, « car le cheval n’est pas un prédateur. Curieusement, le cheval s’entend naturellement avec la poule et le chat. Rien n’est plus touchant qu’une complicité entre les espèces. C’est d’ailleurs ce qu’il se passe entre l’humain et son animal familier ! »

Aurélia Dumté